Lieu : Dunes de Toul Tréas à Saint-Pabu
Dimensions : Hauteur max. 4m, largeur max. 8m, longueur 54m
Matériaux : Perches de bambous et brins de saule vivant
Accompagnement technique : Christian Guérin, vannier osiériculteur
Période : Mai 2022 à décembre 2023
La sculpture végétale « Dour ar Gazel » résulte des recherches menées sur le territoire de l’Aber Benoît aux printemps 2022 et 2023, lors de deux temps de résidence à la Maison des Abers-Ti an Aberioù, espace d’interprétation des Abers, sur l’invitation de l’association Espace d’apparence.
Une résurgence d’eau douce sur la plage de Korn ar Gazel
De mon point de vue de néophyte, le domaine de l’eau douce et celui de l’eau salée étaient deux mondes bien séparés. En mer et sur la plage, l’eau salée. Sur terre, l’eau douce.
Or, dès notre première exploration du territoire des abers, je découvre l’existence d’une résurgence d’eau douce sur la plage de Korn ar Gazel. En réalité, si Jean-Noël Piroche et Christophe Nicolas, membres actifs de la Maison des Abers – Ti An Aberioù, ne nous l’avaient pas signalée, je n’aurais peut-être pas pris garde à cette forme étrange sur l’estran.
D’où vient cette source d’eau douce ?
À la question « d’où vient cette source d’eau douce ? », les réponses resteront indécises : une résurgence de la nappe phréatique, une exsudation du ruisseau du Bouz (ou Bous) qui coule sur les dunes en amont ? Les recherches ultérieures, les discussions avec les habitant.e.s du secteur valident les deux réponses.
Il s’agit en réalité d’un phénomène assez courant. Et le bon sens nous dit en effet que l’exutoire naturel de l’écoulement de l’eau douce, l’eau des nappes phréatiques ou l’eau de sources, est la plage puis la mer. Pour l’heure, encore étonnée de cette particularité, c’est autour de cette source d’eau douce que, pendant la période de résidence, je focaliserai toute mon attention, revenant fréquemment à marée basse vérifier sa présence et son emplacement. Car celle-ci, d’un jour à l’autre, au gré des vents et des marées, changeait d’allure et se déplaçait sensiblement sur l’estran.
Pour l’exposition « Escale #3-Aber Benoît », je décidais de la rendre perceptible, ainsi que son origine, par le biais d’une installation végétale.
Résurgences : trois propositions d’installation végétale pour évoquer le chemin de l’eau
Trois projets, sur trois sites localisés autour de la résurgence, ont été proposés : Résurgence était implanté sur l’estran, Estuaire sur la dune de Korn ar Gazel en surplomb de la plage, Dour ar Gazel sur les dunes de Toul Tréas. Les trois propositions évoquaient le cheminement de l’eau douce de la terre vers la mer, et les métamorphoses du littoral en restant concentré sur le périmètre proche de la résurgence d’eau douce.
En accord avec la commune de Saint-Pabu et les divers institutions et réseaux concernés (la Direction générale des affaires maritimes, Natura 2000, etc…), c’est Dour ar Gazel qui a été retenu.
Dour ar Gazel : l’eau de Korn ar Gazel
Dour ar Gazel est composée de deux modules : Hent ar Mor en perches de bambou et Ti Haleg en brins de saule vivant.
Installée sur les dunes de Toul Tréas, un peu en retrait du littoral et à deux pas de la Maison des Abers, elle marque l’étendue de la zone humide irriguée par le ruisseau du Bous. Ce ruisseau est si discret que, sur les cartes grand public, il n’est pas indiqué. Pourtant il est bien présent. Il se cache dans le fossé broussailleux non loin de la Maison des abers et se perd dans le petit bois plus haut pour prendre sa source vers le lavoir du bous, dans le hameau du même nom.
En aval, l’eau souterraine poursuit son chemin sous les dunes vers la plage de Korn ar Gazel où elle réapparaît pour former sur l’estran la résurgence en question.
Ti Haleg, la petite maison en saule
Ti Haleg est une petite hutte qui vient marquer le début de la zone humide qui génère le ruisseau.
Afin que les brins de saule vivants puissent reprendre dès les premiers beaux jours, Ti Haleg a été construite en mars 2023, avant la remontée de sève du végétal. Ces brins sont tissés entre eux de manière à former des losanges. Deux ouvertures ont été créées permettant de passer sous la sculpture.
Hent ar Mor, le chemin vers la mer
La sculpture Hent Armor est, quant à elle, constituée d’une succession de perches de bambou plantées dans la terre sableuse. Elle encadre Ti Haleg pour ensuite monter sur le coteau qui surplombe le talweg et poursuivre en longeant la zone humide jusque devant la route de Korn ar Gazel. Les hauteurs des perches qui varient de 0,8 m à 4 m dessinent des vagues irrégulières.
Elle a été construite en juin grâce à l’aide d’une équipe de volontaires.
INFORMATIONS ANNEXES
Contexte : Dour ar Gazel a été conçue au sein de la Résidence de territoire De la nature-Escale #2 en vue de l’exposition Escale #3-Aber Benoît à la Maison des Abers – Ti an Aberioù, en partenariat avec Espace d’apparence
Soutien : DRAC Bretagne, Conseil régional de Bretagne, Communauté de communes du pays des Abers, Commune de Saint-Pabu
Remerciements : à l’association Espace d’apparence pour l’invitation à participer au programme de résidences De la nature, aux bénévoles de la Maison des Abers et de l’association Patrimoine et Environnement pour leur participation au chantier de construction