NEVER MADE IT BACK
Le 5 juin 2000 Franck prend de nouveau l’avion à Salt Lake City pour rentrer à la maison. Dans l’avion, il lit l’hebdomadaire « Time » du 29 mai 2000 et le quotidien « Le Monde » qui sont à sa disposition.
Le Time magazine du 29 mai 2000 est une édition spéciale « memorial day ». Aux États-Unis, le « memorial day » est célébré chaque année lors du dernier lundi du mois de mai. À l’origine, institué pour rendre hommage aux hommes et aux femmes morts pendant la guerre de sécession, le jour du souvenir rend aujourd’hui hommage à tous ceux qui sont morts pour la patrie.
La couverture du Time est séparée en deux parties. Celle du haut est imprimée d’un extrait de lettre écrite par un soldat américain mort lors du débarquement à Omaha Beach, en Normandie, le 6 juin 1944. Celle du bas est illustrée d’une des célèbres photographies de Robert CAPA prises au cours de cette opération. La partie centrale qui relie les deux images est divisée en 3 bandes respectivement bleue, blanche, rouge. Sur la première bande rouge est inscrite la phrase : « CORRESPONDANCE FROM SOLDIERS WHO NEVER MADE IT BACK », sur la deuxième bande blanche : « LAST LETTERS HOME », sur la troisième : « PLUS TOM BROKWAY REVISITS THE GREATEST GENERATION ».
Ainsi, lors de son voyage, le père d’Alix est confronté au destin tragique des soldats américains partis en France en juin 1944 pour ne jamais revenir. L’Histoire réactualisée révèle les relations complexes entre deux nations. Quel prix doit on payer pour la liberté ? Doit-on oublier pour continuer à vivre ? À quel moment les mythes s’effritent ou au contraire se cristallisent ? Qui est redevable de qui ?
L’installation « NEVER MADE IT BACK » montre un canevas dont le motif est l’image agrandie de la photographie de Robert Capa reproduite sur la couverture du Time.
Le choix du canevas aux mailles très espacées (comme celui réalisé par Alix quand elle avait 6 ans) me permet d’évoquer le vide laissé par ces hommes disparus.
La taille du canevas délibérément grande par rapport à l’image originale est une métaphore de l’importance de cet évènement dans l’imaginaire collectif.
NEVER MADE IT BACK comprend le roman « Vertiges » de W.G. Sebald. W.G.Sebald n’a cessé de questionner la mémoire en réunissant les souvenirs oubliés ou refoulés, les textes ou les images ayant survécus.
Utilisant autant ses souvenirs personnels que les traces publiques de la mémoire collective, W.G. Sebald a tenté de donner sens à une mémoire qui lui échappait. D’origine allemande, né en 1944, W.G. Sebald était particulièrement concerné par cette période de l’après-guerre, s’interrogeant sur le désintérêt de la société allemande pour la destruction de l’Allemagne par les bombardements alliés de la fin de la guerre, souffrant du silence de la génération de son père sur les évènements de la guerre.
La ville de Brest, où Franck et Alix habitent, a été presque entièrement détruite à la fin de la deuxième guerre mondiale par les bombardements alliés.
Période
Février 2007 → Mars 2007